Projection, Vidéo HD, couleur, son. 2012.
2’50’’ boucle continue
A l’horizon d’un paysage silencieux, une étendue d’eau miroitante et calme bruit lentement du dessous. De la surface lisse de cette eau dormante émerge graduellement une créature énigmatique, une chevelure qui semble étirer son noir à l’infini dans le pli de l’onde. L’irruption de cette masse sombre érectile vient fendre le miroir d’eau et troubler l’étain de la surface y inscrivant la trace d’un étrange anneau.
Apparition fantomale, la masse fuligineuse s’élève et lévite au-dessus de l’eau et se maintient mystérieusement suspendue dans les airs, tournoyant et ruisselant abondement en cascade fibreuse. Corps improbable, fontaine échevelée d’où se déverse l’eau des rêves et des mythes, telle une Néréide à la chevelure d’encre, elle étire puis résorbe son noir à la pliure de l’onde claire. L’oblong crevant le lustre du lac retourne dans les profondeurs, sa demeure, et rejoint le silence des confins, son origine mystérieuse.
Empruntant son titre à l’archétype jungien de l’Anima, la vidéo met en scène la figure universelle, légendaire, mythologique, merveilleuse de la Sirène, qu’elle soit Ondine, Néréide, Naïade, etc… De la nymphe aquatique à la Vénus anadyomène (« que les hommes appellent Aphrodite pour s’être formée d’une écume » Hésiode, Théogonie), elle possède un fort pouvoir d’évocation, d’incantations magiques, et appelle récits de voyages, créatures cauchemardesques ou enchanteresses.
« L’eau s’alourdit, s’enténèbre, s’approfondit, elle se matérialise. »
Gaston Bachelard, L’eau et les rêves